Le Colombier
Le Midi est beaucoup plus pourvu en pigeonniers que le Nord, mais ils sont de dimensions plus modestes. Ils appartiennent à notre patrimoine régional. Ils sont souvent isolés de l'habitation,
pour trois raisons principales : le pigeon a besoin de tranquillité, doit se trouver dans un univers paisible tout en surveillant les alentours afin d'éviter les éventuels prédateurs (rongeurs principalement), et il est préférable de tenir ces volatiles loin des puits pour éviter une pollution de l'eau.
Ces habitations ont trois fonctions :
1) Le propriétaire peut afficher son statut social grâce aux différentes architectures existantes,
2) L'élevage, pour la chair du jeune pigeon qui est très estimée,
3) Mais le but principal était de récolter la colombine (fiente), qui est un excellent engrais.
Au 16ème siècle, les seigneurs voulaient limiter l'usage des pigeonniers. En Languedoc, tout le monde pouvait en ériger : le parlement de Toulouse s'est prononcé plusieurs fois à ce sujet contre les seigneurs.
Les propriétaires d’un pigeonnier avaient le droit de vendre les pigeonneaux ; cependant cela ne suffisait pas à réguler la population qui ne cessait d'augmenter et de causer des dégâts. On obligea donc les propriétaires à les enfermer durant certaines périodes de l'année, dès 1789.
Au 19éme siècle, le préfet de Toulouse exigea que les pigeons soient enfermés pendant 5 mois ; ces derniers causant trop de ravages sur les cultures.
Descriptif des Pigeonniers
Il peuvent avoir des formes diverses :
Pigeonnier-tour : Il est très menacé et souvent à l'état de ruines, car il est à l'écart de la ferme. De plus, il s'élève souvent en plein champs, ce qui gène pour l'agriculture moderne.
Les propriétaires ne sont donc pas tentés de les restaurer.
* Les pigeonniers-tour rondes : Ils sont plus anciens que les tours carrés. Ils peuvent avoir plus de variantes au niveau des toitures.
* Les pigeonniers-tour carrées : sont sans doute les plus anciens, après les tour rondes, ils sont couverts d'un toit à quatre pentes, Quand la lucarne est en charpente, on la protège avec un mini toit à 2 ou 3 pentes. Ils sont couverts d'un épi de faîtage (terre cuite ou poterie).
Pigeonnier tourelle : Le pigeonnier tourelle est assez haut et de petites dimensions. Il est placé au centre de la façade ou dans un angle.
Le toit est toujours à 4 pentes et couvert de tuiles plates. La pente raide est adoucie par un coyau, qui permet un écoulement de l'eau de pluie loin du mur. L'envol des pigeons se fait par un lanterneau, au sommet de la toiture, ou par une lucarne sur une pente du toit, opposée à la direction du vent dominant. Le bandeau de pierre, appelé randière, permet aux pigeons de se poser avant le vol, même si le but essentiel est d'arrêter les prédateurs.
Pigeonnier balet ou bolet : Le pigeonnier balet couvre généralement la terrasse de la maison grâce à sa charpente. C'est une forme plus modeste, car elle ne contient pas autant de volatiles que les autres formes de pigeonniers, mais elle est très belle. La plage d'envol est située au niveau d'une petite lucarne, sur une pente du toit.
Le toit est toujours couvert de tuiles plates ; il a 1 ou 2 épis au sommet de celui-ci.
Pigeonnier pied de mulet : Il s'agit d'une forme très répandue en Bas-Quercy, qui nous vient du Languedoc. Son surnom est dû à sa ressemblance, de profil, avec un pied de mulet.
La pente du toit est interrompue par un ressaut où sont ouverts les trous d'envol.
Cette toiture est toujours en tuiles canal. Des carreaux vernissés verts ceinturent le pigeonnier et sert de randière : cet obstacle est en principe infranchissable.
Pigeonniers sur piliers : Forme également répandue en Bas-Quercy. Ils sont de forme carrée, pour les plus courants, et hexagonale ou octogonale pour les plus raffinés.
Les colonnes en pierres sont surmontées d'un chapiteau renversé appelé capel, qui a le même rôle que la randière. Pour cela, ce chapiteau a un canal circulaire creusé sur la face intérieure.
La charpente est le plus souvent en colombages. L'entretien de la toiture est primordial pour conserver un pigeonnier de ce type. Chaque pente du toit correspond à un pan de mur. Ce sont généralement des tuiles plates qui sont utilisées. Les trous d'envol se situent entre le clocheton et la toiture principale. Le faîtage est terminé par une poterie vernissée.
Pigeonnier-porche : Le pigeonnier porche est une construction de pierres et colombages.
Il est recouvert d'une toiture à 4 pentes assez pointues, dotée de tuiles plates, et avec une lucarne d'envol placée du côté de la façade principale et parfois des 2 autres côtés.
Cette architecture permet de protéger le porche des intempéries. Ils se situent particulièrement dans les fermes importantes dépendant d'un château ou d'une abbaye.
Pigeonnier-grenier : Les pigeonniers grenier sont généralement situés sur de petites maisons,
car les paysans n'avaient pas les moyens ou ne se sentaient pas autorisés à en posséder un. Les trous d'envol sont ronds ou carrés, et sont taillés dans une planche épaisse. Les frontons ont des formes diverses : triangles, arcs de cercle, ou en tympans. Les exemples sont nombreux dans le Quercy.
Pigeonnier sur arcades : La seule variante de ce type de pigeonnier se trouve dans la forme de la toiture, qui est pyramidale, avec ou sans clocheton. La pente du toit varie selon les pigeonniers, mais tous ont des tuiles plates. La voûte sert de support au plancher du premier étage. On remarque 2 ou 3 randières qui servent de cordons anti-rongeurs, de perchoirs et promenade pour les pigeons.
Ces bâtiments sont toujours éloignés de l'habitation et de la ferme : ils se situent souvent
en plein champs, ce qui explique qu'ils aient servi à une époque de tour de guet pour surveiller
les cultures.
Glossaire :
Lanterneau : ou lanternon. Petite lanterne au sommet d'une coupole ou d'une tour.
Randière : Rangée de carreaux vernissés pour empêcher les rongeurs de grimper dans le haut du pigeonnier.
Ressaut : Passage brusque d'1 pan incliné à 1 autre. Saillie d'une corniche.